Pré-contrat et contrat de franchise : ne signez rien sans lire ceci

Présentation des documents qui vous aideront à réfléchir sur l'offre d'un franchiseur.

Benjamin Thomas, writer

Publié le 31/10/2019 , Mis à jour le 26/11/2025, Temps de lecture: 6 min

Pré-contrat et contrat de franchise : ne signez rien sans lire ceci

Vous avez enfin trouvé l’enseigne qui fait battre votre cœur d’entrepreneur. Mais avant de couper le ruban d’inauguration de votre future entreprise, une étape cruciale vous attend : l’engagement contractuel. Soyons honnêtes, c’est rarement la partie préférée des créateurs, mais c’est pourtant là que tout se joue. Au-delà de la séduction des premiers échanges, ce sont les écrits qui fixeront les règles du jeu pour les années à venir.

Vous connaissez sûrement le DIP, le pré-contrat ou le contrat de franchise. Mais maîtrisez-vous la portée exacte de chacun ? Trois documents, trois niveaux d’engagement bien distincts. Ce ne sont pas de simples formalités administratives ; ils représentent la pierre angulaire de votre future relation d’affaires. À quoi vous engagez-vous vraiment ? Quels sont les points de vigilance indispensables ? Décryptons ces documents clés pour que vous puissiez vous lancer en toute sérénité.

DIP et pré-contrat : ne confondez pas information et réservation

Gare aux amalgames. Si ces deux documents arrivent souvent dans la même période, lors de la phase préparatoire, ils n’ont ni la même valeur juridique, ni la même finalité.

Le DIP : Votre “scanner” du réseau (Loi Doubin)

Le Document d’Information Précontractuel (DIP) n’est pas un contrat. Vous ne le signez pas pour vous engager, mais pour attester que vous l’avez bien reçu.

Instaurée par la loi Doubin, la remise d’un DIP est une obligation légale faite au franchiseur. Voyez ce document comme une radiographie complète de l’entreprise : identité des dirigeants, historique, comptes annuels, état du marché et liste des autres franchisés. Son but ? Vous permettre de vous engager en toute connaissance de cause. La loi impose un délai de 20 jours minimum entre la remise du DIP et la signature de tout contrat (pré-contrat ou contrat final) ou remise d’argent. Ce délai de réflexion est une durée minimale incompressible : c’est votre garde-fou pour ne pas signer sous l’impulsion du moment.

Le pré-contrat : Bloquer votre territoire

Contrairement au DIP, le pré-contrat est facultatif, mais fréquent. On l’appelle souvent “contrat de réservation de zone”. Gardez en tête que, malgré son nom, il s’agit d’un engagement contractuel ferme !

Son utilité est pragmatique : vous n’avez pas encore trouvé votre local commercial, mais vous voulez être sûr que l’enseigne ne confiera pas la ville ciblée à un autre candidat pendant vos recherches. En signant, le franchiseur s’engage à vous réserver l’exclusivité sur ce secteur pour une durée déterminée (généralement quelques mois). De votre côté, vous vous engagez à chercher un local et des financements. Si l’on devait faire un parallèle avec l’immobilier, ce contrat d’option s’apparenterait au compromis de vente.

Le point de vigilance : Ce service a un coût. Le pré-contrat implique fréquemment le versement d’une indemnité d’immobilisation (bien souvent une avance sur le droit d’entrée) pour couvrir l’immobilisation de la zone, voire certaines prestations comme l’aide à la recherche du local ou un début de formation. Soyez très attentif aux clauses de sortie : si vous ne trouvez pas de local ou si la banque refuse le prêt, récupérez-vous tout ou partie de cette somme ? C’est un point de négociation crucial.

Le contrat de franchise : l’architecture de votre engagement

C’est le grand saut. Si le pré-contrat n’était qu’une étape préliminaire, le contrat de franchise est l’acte fondateur de votre entreprise. Ce document, généralement dense, ne laisse pas de place à l’improvisation : il définit les droits et devoirs des parties, tant pour vous que pour le franchiseur. Mais avant d’analyser les clauses communes à tous les réseaux (durée, investissement, sortie), vérifions d’abord la nature exacte de votre partenariat.

Franchise, Concession, Licence… De quoi parle-t-on ?

Le commerce organisé est un vaste univers. Si la franchise en est souvent présentée comme le modèle de référence, elle côtoie d’autres modèles comme la licence de marque, la concession, la commission-affiliation, etc. Chacun de ces contrats répond à une logique spécifique.

La franchise, elle, se distingue par son exigence et sa complétude. Pour être qualifié de franchise, le contrat doit impérativement réunir ces trois éléments cumulatifs :

  • La Marque : La mise à disposition des signes de ralliement de la clientèle (enseigne, identité visuelle).

  • Le Savoir-faire : C’est la clé de voûte. Il doit être secret, substantiel (apportant un vrai avantage concurrentiel) et identifié (formalisé dans un manuel opératoire).

  • L’Assistance : C’est ce qui fait la différence avec une simple licence. Le franchiseur ne vous laisse pas seul et vous doit un accompagnement technique et commercial continu.

L’Intuitu Personae : Vous, et personne d’autre

C’est un concept juridique central : le contrat est signé Intuitu Personae, c’est-à-dire en considération de la personne. Le franchiseur vous a choisi, vous, pour votre profil et vos compétences spécifiques. La conséquence directe ? Vous ne pourrez pas céder votre affaire ou vos parts sociales à n’importe qui. C’est le principe de la clause d’agrément : le franchiseur devra valider votre repreneur, mais aussi tout futur associé qui souhaiterait entrer au capital de votre société.

L’équilibre du contrat : argent, temps et territoire

Au-delà des définitions juridiques, votre lecture doit se concentrer sur l’impact concret des clauses du contrat sur votre quotidien et votre rentabilité.

1. Le volet financier et opérationnel

C’est le nerf de la guerre. Le contrat fixe votre “loyer” au réseau. Il y a le droit d’entrée (ou redevance initiale forfaitaire), mais surtout les redevances périodiques. Sur ce point, ne regardez pas uniquement le montant, mais la réalité des contreparties. La redevance d’exploitation finance l’assistance et l’animation : assurez-vous que les services rendus (visites d’animateurs, formation continue, innovation) sont réellement à la hauteur des sommes demandées. Quant à la redevance de communication, exigez la transparence. Ce n’est pas une marge pour le siège, mais un budget mutualisé. Il doit être intégralement réinvesti dans la notoriété de l’enseigne pour attirer des clients dans votre point de vente. Enfin, si une clause d’approvisionnement exclusif existe, vérifiez qu’elle ne vous étouffe pas avec des tarifs déconnectés du marché.

2. La protection de votre investissement

Vous vous engagez sur la durée (souvent 5 à 9 ans) : assurez-vous que ce temps est suffisant pour amortir votre emprunt. Protégez également votre espace : l’exclusivité territoriale vous garantit-elle d’être le seul sur votre zone, l’enseigne peut-elle vendre en ligne ou via d’autres distributeurs sur votre secteur ? Enfin, pensez à la sortie : la clause de non-concurrence post-contractuelle peut être une lourde épée de Damoclès si elle vous interdit de rebondir dans le même secteur après la fin du contrat.

Conclusion : Ne signez jamais seul

Vous avez désormais les clés pour décrypter les étapes juridiques précontractuelles. C’est une base indispensable pour aborder votre projet avec lucidité, mais elle ne suffit pas.

Attention à ne pas tomber dans le piège de la standardisation : tous les franchiseurs proposent un contrat différent. Il n’existe pas de modèle unique et chaque enseigne a sa propre vision du partenariat. Ne négligez pas les petites lignes et prenez le temps de bien lire et analyser les annexes. Plus techniques, elles sont pourtant révélatrices de l’attitude réelle du franchiseur et de ses intentions opérationnelles. C’est souvent là que l’on distingue un véritable partenaire d’un simple vendeur de concept.

Gardez surtout à l’esprit que ces documents sont rédigés par l’enseigne pour structurer et protéger le réseau. Pour vous assurer de ne pas entrer dans une relation déséquilibrée, l’accompagnement n’est pas une option, c’est une nécessité. Ne faites pas l’économie d’un expert. Un avocat spécialisé ou un expert-comptable du secteur saura déceler les subtilités juridiques invisibles à l’œil nu et négocier ce qui peut l’être. Votre signature vous engage pour de longues années : prenez le temps de la réflexion et entourez-vous. C’est le premier acte de gestion de votre future entreprise.

Benjamin Thomas, writer

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